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Un art martial intégral : les quatre volets/objectifs de l’Infini Do

Avec l’Arsenal, son coffre à outils en tous genres, et sa «grammaire de création», l’Infini Do offre à l’artiste martial en herbe tout ce qu’il lui faut pour jouer et créer. Rien n’y manque. Intégral dans ses moyens, l’Infini Do l’est tout autant en ce qui concerne le développement du pratiquant. Avec ses quatre volets/objectifs, il touche en effet à toutes les dimensions de sa personne : physique, vitale, mentale, psychique et spirituelle.

I. L’expression de soi et la création, pour «se mettre en œuvre»

L’Infini Do se distingue des arts martiaux classiques ou traditionnels par la primauté qu’il accorde à l’expression de soi et à la création. C’est un art martial où l’art prédomine sur le martial, où la beauté et le potentiel d’expressivité de la gestuelle martiale sont mis au premier plan. L’Infini Do propose à l’artiste martial en herbe d’utiliser la gestuelle martiale pour exprimer ce qu’il pense,  ce qu’il ressent, ce qui l’anime, le «travaille» ou l’enthousiasme. Il l’invite à aller plus loin encore et à «se mettre en œuvre».

Dans l’Infini Do tout est jeu. Le jeu est le moteur de sa pratique. Tout passe par le jeu et se fait dans l’esprit du jeu.

Il y a en premier lieu les jeux éducatifs en solo, que le pratiquant jouera d’abord suivant les propositions qui lui sont faites puis progressivement suivant ses propres choix. En voici les principaux :

  • Le jeu de «la marche continue»
  • Le jeu du un par un
  • Le jeu des enchaînements
  • Le jeu des blocs

Un bloc regroupe un nombre variable de mouvements de même nature placés dans un certain ordre. L’ensemble des blocs constitue l’Arsenal de l’Infini Do. Le jeu de bloc consiste à exécuter «en toute conscience» les mouvements d’un bloc en les enchaînant dans l’ordre prévu.

  • Le jeu des «classiques»

Fidèle à l’expression «connaître ses classiques», l’Infini Do intègre certains katas triés sur le volet pour leurs qualités formatrices exceptionnelles. Les katas (en japonais), dao (en chinois), hyong ou poomse (en coréen), quyen (en vietnamien) et juru (en indonésien), que l’on peut traduire par forme, moule ou canevas, étaient le mode de transmission traditionnel d’un art martial, d’un style ou d’un maître d’antan. On les qualifiait de «trésors infinis». Il s’agit de séquences codifiées de techniques de combat exécutées suivant un plan, des directions et un ordre donnés, où le pratiquant reproduit un combat contre un ou plusieurs adversaires imaginaires ou fictifs.

Viennent ensuite les deux jeux associés directement à l’expression de soi et à la création :

  • Le jeu du «masque»

C’est avec le «masque» que l’Infini Do réalise sa mission : permettre à l’artiste martial en herbe, aidé de «sa grammaire de création», de s’exprimer à sa façon, de créer sa FFP (Façon de Faire Personnelle), celle dont on reconnaîtra le style particulier, la signature propre, la griffe originale.  Et c’est par le «masque» que prendra forme la FFP du pratiquant. 

Le «masque» sera pour l’artiste martial en herbe ce que l’œuvre dramatique est au dramaturge, le poème au poète, la chorégraphie de danse au chorégraphe-danseur, la toile au peintre, etc. À la différence que dans l’Infini Do l’artiste martial n’est pas que le créateur, le matériau et le support de son œuvre, il est l’œuvre elle-même ! Pour mieux comprendre rappelons ici l’étymologie du mot personne – qui soit dit en passant est étonnamment la même pour le mot personnage. Les deux mots viennent en effet du mot persona (un mot de l’antique étrusque qui est passé au latin) qui signifie… masque de théâtre ! Travailler un «masque» dans l’Infini Do revient donc à travailler sur soi. Dans le même souffle le «masque» se veut aussi une interrogation sur la personne réelle qui le porte, l’anime, le joue.

Mais qu’est-ce qu’un «masque» au juste ? Le «masque» est un genre de mimodrame créé et/ou joué «en toute conscience». Il est le fruit d’un temps de pratique assidue, d’exploration continue du champ des possibles, d’expériences de jeu marquantes et d’un sincère travail sur soi. Comme le kata, le «masque» peut instruire sur l’art du combat ou en reproduire un. Il peut cependant être autre chose : le «masque» peut être l’expression d’une quête de beauté; ce peut être un poème «écrit» avec son esprit et son corps; il peut mettre dans un état d’esprit; etc.

Qu’on le crée ou qu’on le joue, le «masque» est un acte de dépassement de soi. Et comme le reste on le joue pour l’unique joie qu’il procure, le but premier de l’Infini Do.

  • Le jeu de la «clé»

Ici il n’y plus de «masque» qui tienne. La «clé» est liberté de mouvement absolue. Avec elle le pratiquant se lance dans le vide, sans filet. La «clé» est pure improvisation, rien n’est préparé d’avance, on s’abandonne «en toute conscience» et on s’émerveille devant ce qui se produit. La «clé» est le jeu ultime de l’Infini Do, celui par lequel on tente de plonger au cœur de l’ultime réalité.

II. L’art du combat, pour «se mettre en jeu»

Pour un art martial qui se veut véritablement un «do», une voie d’éveil, tout y est d’abord et avant tout travail sur soi. La finalité d’un tel art martial n’est plus la guerre et le champ de bataille. En conséquence, il ne focalisera pas toute son attention sur la préparation au combat réel, celui où toutes règles et toutes conventions sautent. Précisément parce que cette focalisation peut facilement faire perdre de vue le «do», qu’elle peut mener au contraire à l’enflure de l’ego, à certains dérapages, comme de se croire invulnérable ou redresseur de torts, comme la justification de l’agressivité ou la considération d’autrui avec méfiance et supériorité. Qui plus est, un combat d’entraînement, quel que soit le type envisagé, n’est jamais un combat où sa vie est réellement en danger, il y a toujours des conventions, explicites ou implicites. Et nulle préparation ne saurait garantir l’issue favorable pour soi d’un combat où tout est permis.

Cela dit, l’efficacité développée par la pratique d’un art martial en matière de combat singulier n’est pas un mythe. Trop d’éléments historiques l’attestent irréfutablement. Dans l’Infini Do l’efficacité s’acquiert aussi par le jeu, comme le lionceau apprend à combattre et devient un lion redoutable en jouant avec ses semblables. L’efficacité acquise par la pratique de l’Infini Do ne sert pas à briller sur la rue prise pour un champ de bataille du Japon médiéval, elle n’est pas un panache à exhiber ni à offrir en spectacle. L’efficacité dans l’art du combat y est plutôt comme une flèche de plus à son arc, une flèche qui, à l’instar du kyudo (la voie japonaise du tir à l’arc), a d’abord et avant tout l’ego pour cible. 

Dans les jeux avec partenaire(s) de l’Infini Do les joueurs ne sont en aucun cas l’équivalent d’éventuels adversaires à soumettre. Ces jeux ne sont pas pour autant joués innocemment et dans l’ignorance des conséquences d’un combat réel, ils sont tout à l’opposé joués parce que les conséquences d’un tel combat trop souvent dramatiques sont trop bien connues. Dans l’Infini Do le jeu avec partenaire(s) n’est pas seulement joué pour mettre à l’épreuve les mouvements travaillés en solo, pour apprendre l’autodéfense et saisir les enjeux de la légitime défense, il l’est davantage pour «se mettre en jeu», pour se mettre à l’épreuve et pour se dépasser, avec l’autre et en toute camaraderie, et là encore pour la joie unique que la mise en jeu de soi procure.

Il existe toute une panoplie de jeux avec partenaire(s) dans l’Infini Do, parmi ceux-ci :

  • Le jeu des échanges à sens unique
  • Le jeu des échanges alternatifs
  • Le jeu des échanges libres
  • Le jeu du «masque» avec partenaire(s)

III. La condition physique et le bien-être, pour se mettre en forme

Pratiquer l’Infini Do c’est aussi jouer gagnant en matière de santé physique et mentale. Comme tout entraînement physique régulier, la liste des bienfaits découlant de sa pratique est assez impressionnante :

  • Elle améliore la santé du cœur
  • Elle favorise un système immunitaire plus performant
  • Elle donne du cœur au ventre
  • Elle stimule la créativité
  • Elle améliore la confiance en soi
  • Elle permet de se sentir mieux dans son corps et son esprit
  • Elle réduit le stress et l’anxiété
  • Elle a un effet antidépresseur
  • Elle favorise un sommeil réparateur
  • Elle réduit les symptômes d’allergies
  • Elle renforce la densité osseuse, réduit le risque de fracture
  • Elle peut diminuer le syndrome métabolique (l’association d’une série de problèmes de santé qui conduit au mauvais métabolisme corporel : augmentation du cholestérol, de la pression artérielle, de la glycémie ou du gras de ventre) et même inverser les dommages
  • Elle joue un rôle préventif sur de nombreux types de cancer, le diabète, les maladies cardiaques et pulmonaires, etc.
  • Elle a une influence sur l’acquisition de saines habitudes alimentaires et une bonne hygiène de vie
  • Elle augmente l’espérance de vie
  • Elle a une influence positive sur les autres en devenant un modèle pour eux
  • Et avec tout ça elle permet de vivre plus heureux et enthousiaste

Pratiquer l’Infini Do, c’est pour mieux jouir de la vie, pour la joie vivifiante de se mettre en forme !

IV. La réalisation de soi, pour «se mettre en joie»

Ici est exposé le fondement métaphysique et spirituel de l’Infini Do. Il n’est nullement obligatoire d’y adhérer pour le pratiquer. Car c’est essentiellement par l’action et dans le feu de l’action que s’opère la réalisation de soi.

Se réaliser, c’est réaliser Ce que nous sommes, Ce par quoi nous pouvons le réaliser, Ce qui nous pousse à agir, Ce pourquoi nous agissons. Dans l’Infini Do C’est la Toute-Conscience-de-Soi, le Jeu, l’Infini, le Do.

La Toute-Conscience-de-Soi, C’est la Conscience de tout Ce qui est, de tout Ce qui existe en puissance comme de tout Ce qui est manifesté. Elle est toutes choses et toutes sont Ses prolongements, comme chaque vague est le prolongement de la mer même qui l’a formée, comme chaque conscience individuelle est le prolongement de la Toute-Conscience-de-Soi. Mais la conscience individuelle, en se cristallisant, en se contractant, en se repliant sur elle-même, perd en quelque sorte le contact avec la Toute-Conscience-de-Soi, sa source et son soutien, et devient l’ego. C’est avec l’ego qu’apparaît le sentiment d’être une entité séparée de tout le reste. Rien cependant n’empêche l’individu qui en a l’ardente volonté de tenter de rétablir le contact avec la Toute-Conscience-de-Soi. Pour ça, il lui faudra apprendre à se «dé-contracter», à se «dé-tendre», à s’abandonner, à être sans blocages ni distractions tout attentif à l’instant, cette précieuse porte toute grande ouverte sur la Toute-Conscience-de-Soi.

Le Jeu, c’est l’activité et le champ d’activité de la Toute-Conscience-de-Soi. C’est Elle comme théâtre, Elle comme Auteur, Metteur en scène, Acteur, Artisan, Spectateur et Critique, Elle comme scène, décor, sujet et objet, Elle comme personnages de toutes les pièces de Sa création, et Elle comme Force qui les fait aller à la rencontre les uns des autres, qui les pousse à interagir. Par pure joie et pour sa plus grande Félicité. Libre à chaque individu de jouer le Jeu, de le jouer «en toute conscience», de se mettre au diapason de la Toute-Conscience-de-Soi et de créer à son tour. Pour la joie de réaliser à fond le rôle qu’il a à jouer. Pour la joie de se sentir en union avec les autres participants comme avec l’ensemble du Jeu.

L’Infini, c’est le Soi de la Toute-Conscience-de-Soi. C’est le Sans limites. C’est le Sans visage comme l’infinité de visages qu’Elle Lui donne. C’est Ce qui s’émerveille à l’infini devant Ses œuvres infinies. C’est Ce qui dépasse toutes Ses créations, Ce qui se dépasse pour les porter toujours plus près de la perfection. C’est pourquoi encore et encore la Toute-Conscience-de-Soi remet Ses ouvrages sur le métier. Chez l’individu l’Infini est sa capacité à reculer, à dépasser ses limites, à ne pas se satisfaire de ce qui a déjà été fait, à se décoller de l’ego et à voir autrement qu’en fonction de lui. C’est l’élan vers son plein épanouissement. C’est Ce qui en lui cherche à faire de lui une personne accomplie.

Le Do, c’est la Voie. On le retrouve dans tous les noms des arts martiaux japonais (budo) où il apparaît comme suffixe, que ce soit le karatedo (la voie de la main vide),  le judo (la voie de la souplesse), l’aïkido (la voie de l’harmonie ou de l’union des énergies), le kendo (la voie du sabre) ou le kyudo (la voie du tir à l’arc),  pour ne nommer que ceux-là. Le Do n’est pourtant pas l’apanage des arts martiaux, il se retrouve avec toute sa plénitude de sens dans d’autres arts, que ce soit le chado (la voie ou art du thé), kado (la voie des fleurs ou art floral) ou le shodo (la voie ou art de la calligraphie). En chinois c’est le Tao ou Dao. Le Do, la Voie, c’est l’art, fait de discipline, de maîtrise et de perfection de soi, que l’on suit corps et esprit, c’est le chemin et le cheminement qui conduit à l’éveil, ce moment de dépassement de l’ego, d’émerveillement devant le Tout auquel on se sent soudain uni et en harmonie, ce renversement de la conscience individuelle qui la fait basculer pour un instant ou pour de bon dans la Toute-Conscience-de-Soi.

L’Infini Do est donc la voie des infinies possibilités et du dépassement de soi. C’est une voie de réalisation de soi, un véritable «do» voué tout entier à ce qu’on appelle en japonais le «do-raku», la joie de jouer sur la Voie.